Destitution de Matar Bâ : “M. Chance” a perdu son mojo…

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L’une des grandes surprises de ce remaniement ministériel du 17 septembre 2022 reste le congédiement de Matar Bâ à la tête du ministère des Sports. 
 
Pas de bol pour « M. Chance ». Ce sobriquet était l’apanage du désormais « ancien ministre des sports » Matar Ba. Un surnom qui lui est attribué en partie grâce aux résultats sportifs que le Sénégal a obtenus sous sa gouverne avec en tête de liste la coupe d’Afrique des nations en janvier 2022 au Cameroun. Une consécration qui lui a valu les félicitations du chef de l’Etat lors de la cérémonie de décoration des Lions le 8 septembre  dernier : « Je tiens à vous féliciter et à vous remercier avec toutes vos équipes pour l’excellente préparation de cette CAN qui a grandement contribué à la victoire finale ». Un bilan dans lequel on peut ajouter les deux qualifications successives au mondial de football 2018 et 2022 et les nombreuses inaugurations d’infrastructures sportives dont le stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. Terrassé par la nouvelle, Gris Bordeaux s’est fendu d’un post Facebook pour témoigner son soutien au ministre au nom des lutteurs : « En tant que républicain et patriote, je fais partie de ceux qui pensent qu’il doit rester encore et encore pour faire les beaux jours du sport sénégalais considérant son bilan très reluisant. Que de trophées majeurs, de consécrations et d’infrastructures sous son magistère ! »
 
« On pensait tous qu’il y aurait des changements dans ce gouvernement mais certainement pas au nouveau du ministère du sport », Thierno Dramé
Au vu de tout ce qui précède, ce serait un euphémisme de dire que l’annonce de sa destitution a eu l’effet d’une bombe pour de nombreux observateurs du monde sportif tant l’étonnement reste le sentiment le mieux partagé. A l’exemple de Thierno Dramé, journaliste à la RTS : « On pensait tous qu’il y aurait des changements dans ce gouvernement mais certainement pas au niveau du ministère du sport. A la limite, on pensait qu’il aurait eu plus de responsabilités avec peut-être un autre portefeuille qui s’ajouterait au sport. Mais le voir quitter le ministère à quelques mois du mondial est une très grande surprise ». Un avis corroboré par Pape Dieng, journaliste reporter sportif à Sud Fm. Il juge les 8 ans du ministre sortant reluisant et historique : « Depuis que j’observe le ministère des sports, je crois que jamais nous n’avons eu un ministre qui a donné autant de résultats sportifs notamment au niveau du football ».

Ce chamboulement ministériel dans une période cruciale pour le sport  sénégalais avec plusieurs échéances en ligne de mire provoque bien des interrogations. D’aucuns se demandent si ce changement de personnage à la tête de cette institution ne pourrait pas avoir un impact néfaste sur la préparation des lions du football ou encore pour les lions du basketball lors de la dernière fenêtre des éliminatoires du mondial qui auront lieu en février 2023 dont le Sénégal songe à organiser la compétition. « L’Etat, c’est la continuité, dit Thierno Dramé. En principe, les dossiers sont déjà bien ficelés. Il faut juste donner la décision du gouvernement. A priori, il ne devait pas y avoir de problèmes. Ce ne sont pas des décisions personnelles prises par Matar Ba, ce sont des décisions prises par le ministère après avoir consulté  notamment la fédération de basketb

Matar Ba aka « Le ministre du football »

 
Mais le constat sur le passage de M. Chance n’est pas unanime dans toutes les disciplines, du moins, chez certains dirigeants. Dans ce lot, on retrouve Baba Tandian, ancien président de la fédération de Basketball. L’ex patron de la fédé n’y est pas allé de mainmorte sur un plateau télévisé quand on lui a demandé de réagir par rapport à l’éviction de Matar Ba. L’homme a dénoncé une gestion inéquitable des fédérations sportives sénégalaises : « A un moment, nous avons estimé que le ministre des sports nageait à contre courant pour l’intérêt du basket sénégalais. Et quelque part aussi, nous, on voulait un ministre des sports, pas un ministre du football, pas un ministre de la lutte. Aujourd’hui, si le football va bien, grâce à leur victoire, on s’en félicite. Mais nous savons que le président de la République a donné beaucoup d’argent contrairement à ma période où pratiquement on ne voyait rien du tout. Aujourd’hui, cette fédération est dans une richesse inouïe et toutes les autres fédérations sont dans une situation précaire. Nous avons attiré plusieurs fois l’attention du ministère des sports, il ne nous a pas écoutés ». Toujours sur ce point, Thierno Dramé de la Rts prend parti pour le ministre déchu : «C’est normal, le football, c’est d’abord le sport roi. Ensuite les compétitions sont beaucoup plus importantes. Mais il y a le basket, qui a aussi utilisé beaucoup de moyens notamment pour la participation aux Afrobasket et à la coupe du monde. Il faut aussi remarquer que le ministre avait sorti beaucoup de ressources pour payer les primes qui n’avaient pas été payées depuis 2008 ».
 
Yankhoba Diatara, chantier colossal sur une fondation forte
 
Matar Ba out, Yankhoba in. Un changement donc, qui fait parler et surtout jaser. Mais l’ancien ministre de l’économie numérique aura fort à faire, du point de vue des attentes, à la tête de ce ministère tant son successeur a mis la barre haute. Thierno Dramé confie : « Concernant Yankhoba Diatara, on attend de voir, parce qu’il arrive à 2 mois de la Coupe du monde. Il y a un budget qui n’a pas encore été mis en place. La fédération a exprimé ses besoins, on va voir comment il va gérer ça.  C’est un gros défi pour lui ». Il ajoute : « Arrivera-t-il à gérer les tensions qui peuvent y avoir ça et là comme l’a fait Matar Ba ? On attend de voir. Son passage au ministère des télécommunications a été bref mais on a vu comment il a pu gérer l’affaire Expresso. S’il arrive à gérer avec autant de maîtrise le sport, je pense qu’il peut réussir ». Pour sa part, Baba Tandian souhaite que Yankhoba Diatara apporte un nouveau souffle à l’institution : « On attend de lui qu’il soit un vrai ministre des sports. Ça veut dire qu’il englobe tout c’est-à-dire : le football, l’athlétisme, le handball, le basket… Qu’il écoute aussi les gens et qu’il n’écoute pas les personnes qui vont lui raconter ce qu’il veut entendre. Qu’il écoute aussi le monde du sport et nous qui sommes du monde du basket ».
 
 Coupe du monde 2022, CHAN 2023, éliminatoires du mondial de Basketball, préparation des JOJ… Voici de façon ramassée les principaux défis qui attendent Yankhoba Diatara qui devra déployer ses tentacules et faire valoir  ses compétences afin de les satisfaire. 
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