Droits civiques : la Secrétaire générale d’Amnesty décerne une mauvaise note au Sénégal

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Droits civiques : la Secrétaire générale d’Amnesty décerne une mauvaise note au Sénégal

 

La secrétaire générale de Amnesty International, Agnès Callamard, a fait le bilan ce vendredi 28 octobre de sa visite en Afrique de l’Ouest notamment au Sénégal.
 
Agnes Callamard et ses collaborateurs ont passé une semaine de travail au Sénégal où ils  ont rencontré les différentes autorités. Des questions portant sur le rétrécissement de l’espace civique dans le pays ont été abordées .
 
Les discussions ont,  notamment, porté sur plusieurs points tels que la loi 1978 portant sur les manifestations et qui permet aux autorités préfectorales d’interdire ces rassemblements pour cause de troubles à l’ordre public. « Cette disposition est interprétée de façon assez large par les préfets en particulier à l’égard des manifestations d’ordre politique qui sont primordiales dans un contexte préélectoral », observe la secrétaire générale. Cette dernière affirme que ces dispositions sont problématiques. « Il semblerait qu’on se dirige vers un régime d’autorisation des manifestations. Ce qui  n’est vraiment pas l’esprit dans lequel la loi avait été initiée », a-t-elle confié face à la presse.
La mise  en œuvre de la  décision de la cour de justice de la Cedeao sur l’arrêté Ousmane Ngom a également fait parler. Concernant cet arrêté de 2011 qui interdit sans limite dans le temps, les manifestations à caractère politique dans le quartier de Plateau à Dakar, Agnès Callamard avoue avoir été surprise par la réponse des autorités sénégalaises . « Nous avons demandé comment est-ce que cette  décision de la cour de justice de la Cedeao allait être mise en œuvre et la réponse reçue est qu’elle ne le sera pas », déclare-t-elle. Elle ajoute que cette  réponse est assez choquante  car c’est une décision importante pour les libertés individuelles des Sénégalais. Le fait que les autorités n’aient pas l’intention d’abroger  cet arrêté  afin de sécuriser certains quartiers clés de la capitale est un aspect extrêmement inquiétant pour les Sénégalais et pour l’intégration régionale en Afrique  selon la secrétaire générale. « C’est un très mauvais exemple que donne le Sénégal », renchérit-elle.
 
Agnès Callamard et ses collaborateurs ont appelé les autorités sénégalaises à témoigner davantage de transparence s’agissant des enquêtes sur les violences exceptionnelles de mars 2021 et celles de cette année. « Les enquêtes ont probablement commencé selon les autorités mais la volonté politique de faire aboutir ces enquêtes n’est pas là »,constate-t-elle. Cela pose la question, d’après elle, de la capacité du système judiciaire sénégalais à diligenter proprement des enquêtes sur l’usage excessif de la  force par la police sénégalaise.
 
« Nous avons remarqué un rétrécissement de l’espace des libertés individuelles », a déploré Agnès Callamard. Cela s’est manifesté par l’interdiction des manifestations sous des prétextes fallacieux, des poursuites ou condamnations d’activistes qui critiquent les politiques gouvernementales sur des bases de loi antiterroriste ou de lois de cybercriminalité qui sanctionnent des expressions légales, l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre entre autres.
 
La secrétaire générale de Amnesty International a dans ce sens salué la mobilisation des membres de la société civile pour le respect des engagements en termes de droits humains. Elle a annoncé dans la foulée une campagne prévue en décembre dénommée « Touche pas à nos manifs  » dont le Sénégal fera partie des pays cibles.
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