Ousseynou Nar Gueye : « En 1999, Youssou Ndour m’a proposé au Président Abdou Diouf comme DG du BSDA »

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Ousseynou Nar Gueye : « En 1999, Youssou Ndour m’a proposé au Président Abdou Diouf comme DG du BSDA »

 

Ousseynou Nar Gueye, ingénieur de projets culturels, communicant et sociétaire de la SODAV comme auteur dans la section littéraire, est candidat pour être élu en 2023 comme PCA de cette société civile du droit d’auteur et des droits voisins. Il explicite ici sa candidature et présente son programme de gouvernance dans le cas où il est élu. Auteur du roman «Waïyyendi» paru en livre imprimé en décembre 2021 aux Éditions Presqu’île Lettrée, il nous parle aussi de son actualité littéraire. ENTRETIEN !
 
Votre actualité, c’est le Ministère de la Culture et du Patrimoine Historique, qui, à travers sa Direction du Livre et de la Lecture, a acquis plusieurs dizaines d’exemplaires de votre roman « Waïyyendi », le vendredi 7 octobre 2022. Quels sentiments vous inspirent ce geste de l’Etat?
 
Oui, en effet, la Direction du Livre et de la Lecture (DLL), dirigée par M. Ibrahima Lô a acquis plusieurs dizaines d’exemplaires de mon roman « Waiyyendi ». Ils seront distribués dans les CLAC (Centres de Lectures et d’Animation culturelle), dans les centres culturels régionaux, auprès des associations partenaires. Le roman sera également présenté par la DLL dans des salons du livre à l’étranger. Je suis très réconforté que mon roman aille dans toutes les régions du Sénégal, dans les tréfonds du pays, vers le lectorat jeune et adulte. Je salue ce geste de l’Etat du Sénégal, dont le rôle en matière culturelle est d’abord la démocratisation des activités culturelles et artistiques, et la promotion de leur pratique par le plus grand nombre, dès le jeune âge. J’en profite pour remercier les collaborateurs de la DLL que sont : M. Ibrahima Diallo et Mme Diallo Khadidiatou Baldé, qui sont des modèles d’agents de la Fonction publique, métier qui est d’abord un sacerdoce.
 

Votre roman est paru en version électronique en janvier 2021 avec l’éditeur français Youscribe et en version papier avec l’éditeur sénégalais Editions Presqu’île Lettrée, en décembre 2021, quelle carrière fait le livre depuis lors ?
Oui, le livre a été présenté lors d’un lancement à l’Institut Africain de Management de Dakar, en version numérique, en janvier 2021, par Youscribe proposé par Orange. Il est sur Amazon aussi. Puis, en décembre 2021, le roman « Waiyyendi » est paru en version imprimée aux Editions Presqu’Île Lettrée, du Sénégal. Depuis, il fait son petit bonhomme de chemin dans les librairies, les cercles de lecture et dans les réseaux de distribution privés.

Sur la couverture du roman, pour le titre écrit en blanc, les trois lettres du mot Waiyyendi que sont Y, N et D, sont en jaune, pourquoi ?
 
Oui, j’ai voulu faire ressortir les initiales Y, N, D, qui prononcées à l’anglaise donne « Why, And, Dee », c’est-à-dire « Waïyyendi ». C’est un clin d’œil que j’ai voulu faire au personnage antagoniste du roman, Waïyyendi, qui donne son titre à l’œuvre, parce qu’il en est le fil rouge. Je n’ai pas voulu donner comme titre à mon roman le nom du héros, qui est Karbala. Ceci pour montrer que le héros est aussi un anti-héros, avec ses manques, ses manquements, ses doutes…Bref, son humanité faite de force et de fragilité, comme chez nous tous, êtres humains.
 
Le roman se déroule dans ce que vous appelez « le champ des champs à rythme ternaires », ainsi que vous appelez le monde de la musique mbalakh. De qui est inspiré le personnage antagoniste du roman Waïyyendi qui est un chanteur et qui s’affronte au héros Karbala ?
 
Waïyyendi, des initiales anglaises Y, N, D, est inspiré d’un personnage de la musique mbalakh. Le chanteur Yoro Ndiaye (rires) ? Ou l’auteur-compositeur-interprète- entrepreneur Youssou Ndour ? Eh bien, plutôt un peu pas mal de notre roi du mbalakh et star interplanétaire, que j’ai pratiqué au quotidien pendant six ans. Il est la source d’inspiration de ce personnage Waïyyendi, qui, attention, n’est pas quelqu’un de « wayyadi », pour parler wolof. Le souvenir de nos échanges personnels et professionnels et des bribes de notre collaboration passée, forment la silhouette du personnage Waïyyendi dans le roman. Je ne pouvais pas parler du monde de la musique mbalakh, sans avoir le king du mbalakh comme personnage important dans le roman. J’ai été son Responsable des projets et du Copyright, Coordonnateur de ses quatre managers internationaux, pendant six ans. C’était une expérience assez marquante, somme toute, et qui a irrigué ce roman dont la trame de fonds est les luttes autour de la question du droit d’auteur.
 
L’écriture du roman est très visuelle, avez-vous des projets d’adaptation de ce premier roman ?
 
En effet, j’ai voulu réussir une écriture très visuelle, presque cinématographique, pour décrire les scènes et camper les dialogues. Je suis content que vous l’ayez remarqué, car c’était mon objectif. Oui, j’ai des projets d’adaptation, après presque deux ans de vie de ce roman, pour en faire un film ou une mini-série. Pour le développement en scénario, où je mettrais la main à la pâte, je discute avec un acteur culturel et gestionnaire des arts ivoirien qui vit à Abidjan et qui a adoré mon roman. Il compte en tirer d’abord une pièce de théâtre. Ici aussi à Dakar, je suis en discussion avancée avec un professionnel reconnu qui est producteur de films. Nous allons avancer sur le développement du roman en scénario pour lequel je me mettrai à contribution, fort des enseignements que j’ai reçus du African Script Development Fund à Hararé au Zimbabwé avec le producteur Ben Zulu. Et enfin, nous avons déjà identifié le co-réalisateur sénégalais du futur film, car je co-réaliserai également, challah. Je suis très enthousiasmé par les perspectives de ce projet de film- « Waïyyendi ».
 
En janvier 2023, dans 4 mois, cela fera deux ans que le roman est sorti, avez-vous d’autres projets littéraires en ce moment. Un autre roman en gestation ?
 
Oui, le roman a pris des années pour en parfaire la finition. Et depuis bientôt deux ans, il est en circulation auprès des lecteurs. En effet, j’ai un autre projet de roman commencé depuis 2018, dont j’ai finalisé le manuscrit en février dernier et que j’ai soumis à cinq éditeurs, dont certains sur la place de Paris. Parmi les réponses reçues, il y en a une qui est pas mal prometteuse, et j’en attends la confirmation par le comité de lecture de cet éditeur. J’en saurai plus d’ici la fin de cette année 2022. Oui, j’ai hâte de sortir mon second roman, challah.
 
Dans une tribune publiée dans la presse, vous avez manifesté votre volonté de présenter votre candidature pour être élu PCA de la Sodav..
 
Je suis membre de la SODAV, la Sénégalaise du Droit d’Auteur et des droits Voisins, depuis janvier dernier. C’est une société civile, à la différence de l’ancien BSDA, et ce sont donc la quelque dizaine de milliers de sociétaires, réunis au sein de collèges, qui votent et choisissent leur PCA. Oui, je suis candidat au poste de PCA pour 2023, avec le slogan suivant : « L’expérience de l’expertise ! Ku mënul bawoo, lu yaqqu yowaa ! ». J’estime, après près de 25 ans de bons et loyaux services à la cause de la propriété intellectuelle, et en particulier de la propriété littéraire et artistique, et avec mon pedigree dans l’ingénierie culturelle au service des arts, y compris pour la musique mbalakh que j’adore, que je suis le mieux à même d’apporter le passage à l’échelle nécessaire pour les sociétaires de la SODAV, le « leap frog », et le changement de paradigme important qui est le suivant : « les ayant-droits de la SODAV sont des PME, des entreprises chacun à eux seuls, et doivent être considérés et traités comme tels, et non pas traités comme des assistés permanents ». Pour vous confier un secret, en 1999, Youssou Ndour a proposé au Président Abdou Diouf de changer le BSA en société civile, sur la base de mon projet dénommé « ADAMAI », et pour cela, de me nommer Directeur Général du BSDA, afin d’en conduire la transition vers le statut de société civile. Youssou Ndour comme le Président Diouf sont toujours vivants, Dieu merci, et peuvent le confirmer aisément, si vous le leur demandez. Seulement, à l’époque, la paix des braves et l’entente cordiale entre les grands de la musique sénégalaise n’existaient pas encore, et certains que je ne nommerais pas, consultés par le Président Diouf, se sont opposés au choix proposé sur ma personne du fait de ma proximité d’alors avec Youssou Ndour. Le Président Diouf a reculé faute de consensus entre les grands acteurs. Cette paix des braves entre les grands de la musique sénégalaise qui sont aussi des producteurs de musique, je suis la cheville ouvrière qui a aidé à l’obtenir, avec leur consentement et leur consensus bien sûr, car c’est moi qui ai rédigé les statuts de la CIPEPS (Coalition Interprofessionnelle des Producteurs et Editeurs Phonographiques du Sénégal), ai créé l’acronyme CIPEPS et l’ai fait entrer au Conseil national du Patronat en 2006, avec alors feu Mamadou Konté comme président de la CIPEPS.
 
Quel programme proposez-vous aux acteurs de la Culture ?
 
Bien, je ne peux pas ne pas répondre à votre question, car bien qu’organe de presse privé, vous menez une noble mission de service public auprès de vos lecteurs et du grand public, à qui chacun doit respect. Avant tout, je vous indique et je rappelle à tous que tout ce que je dirais en réponse à votre question est une affaire privée, en ma qualité de sociétaire de la SODAV, comme auteur littéraire, et que cela n’engage en rien les structures avec lesquelles j’ai des liens de collaboration professionnelle. Cela étant posé, je ne peux pas, toutefois, entrer dans trop de détails concernant mon programme, pour deux raisons que je qualifierai de principielles. La première, c’est que les idées ne sont pas protégées, tous les experts de la propriété intellectuelle le savent. Ce sont les concepts et les œuvres qui sont protégées.
 
Par conséquent, bien avant de livrer bataille pour être élu PCA, je pourrai me faire voler mes idées, notamment par l’équipe actuelle du Conseil d’Administration de la SODAV et sa présidente redoublante, Ngoné Ndour. Ensuite, la deuxième raison est que nous ne sommes pas encore à l’élection pour ce poste de PCA : or, je risquerai d’être questionné sans cesse pour donner plus de détails sur mes propositions.
 
Alors même qu’appartenir à la SODAV comme sociétaire n’est pas un travail. J’ai une occupation professionnelle à laquelle je consacre 12 heures par jours. Donc, attendons d’être proche de l’élection. Je ferai, challah, s’ils le veulent bien, des visites aux associations de sociétaires, pour exposer mon programme et je tiendrai une conférence de presse, relayée au plus grand nombre et y répondrai aux questions de la presse. Ce que je peux dire pour le moment, c’est que je fais d’un premier axe fort de mon mandat, si les sociétaires de la SODAV me font confiance, de faire acter et implémenter la rémunération pour copie privée, c’est-à-dire la redevance sur les appareils permettant l‘enregistrement d’œuvres artistiques (Smartphones, tablettes, ordinateurs, laptops, clés USB, CD- Rom…), où nous perdons 8 milliards de francs CFA par an, nous la SODAV, selon mes estimations les plus basses. Ceci n’est pas normal. De plus, 50% de cette rémunération pour copie privée pourra aller au financement d‘activités d’éducation culturelle et artistique et au financement de festivals sur toute l’étendue du territoire nationale. Je fais aussi de l’acquisition de biens collectifs tangibles propres aux sociétaires de la SODAV un deuxième axe stratégique de ma possible future action, dans le cas où je suis élu PCA . Car, c’est profondément anormal aussi, que les 5 milliards de FCFA d’appui COVID octroyés par l’Etat aient été partagés de manière égalitariste et quasi-communiste, sur forcing – je ne peux pas l’appeler autrement- de gens vraisemblablement non avisés, comme Daniel Gomes, président de l’Association des métiers de la Musique du Sénégal et membre du CA de la SODAV, et par celle d’autres comme Aziz Dieng qui a été PCA de l’ex-BSDA et qui à mon avis, n’a pas assez fait pour le droit d’auteur dans ce pays, et en a même fait reculer la cause. Ce qui a fait que chaque ayant-droit de la SODAV s’est retrouvé avec 129.000 francs CFA sur les 5 milliards, c‘est-à-dire avec des cacahuètes. Ce n’est pas structurant.
 

Quand j’étais dans le comité d’expert du PPIP (Programme de Promotion des Investissements Prioritaires) alors dirigé par feu Mabousso Thiam et financé par la Banque Mondiale au nom de l’Etat du Sénégal en 2006, pour ce qui est de la question des arts, l’ambition du gouvernement Sénégal, avec un million deux cent mille dollars, était non seulement de financer l’élaboration de la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins qui sera votée finalement en janvier 2008 sur impulsion décisive de Macky Sall alors Président de l’Assemblée nationale, mais aussi d’acquérir des studios d’enregistrement, y compris mobiles, à installer dans tout le pays pour faire du Sénégal un nouveau Nashville, ville qui est la Mecque de la musique aux Etats – Unis. Ce deuxième volet Nashville sénégalais n‘a jamais vu le jour. Et on ne sait pas où est passé l’argent, il a probablement été restitué à la Banque Mondiale. Mais bon, bref ! Le troisième axe stratégique de ma future action, c’est l’accès à la propriété foncière et à la Couverture Maladie Universelle pour tous les milliers de sociétaires de la SODAV, notamment les interprètes et pour ce qui est de la musique, les instrumentistes.

Enfin, je ne saurais ignorer tout ce que nous perdons en matière de droits numériques, et qu’il faut aller récupérer de gré ou de force auprès des Google, Amazon, Facebook, Apple, Youtube (qui appartient à Google) et aussi l’urgence de la mise en place de mécanismes numériques de mesure, auxquels il faut recourir pour savoir très exactement qui utilise quoi comme œuvre dans ce pays, en temps réel, au lieu de continuer à se fier à des fiches de déclaration en papier des utilisateurs, qui d’ailleurs ne sont jamais remplies. Et donc faire les répartitions des perceptions en fonction de ces mesures numériques. J’ai aussi une action de mon programme de gouvernance qui va en direction des managers d’artistes et agents d’artistes, qui doivent entrer à la SODAV comme éditeurs des œuvres de leurs artistes, dont ils sont souvent les inspirateurs et les co-auteurs des œuvres, ou alors, ils doivent entrer à la SODAV comme co-producteurs de musique, ce qu’ils sont souvent. Les journalistes et éditeurs de presse doivent aussi gagner des droits d’auteur, des royalties, sur les réutilisations numériques de leurs articles.
 

Au total, je placerai mon action et mon mandat sous le signe de l’inclusivité, avec l’ambition que dans 5 ans, à la fin du nouvel agrément que le Président Macky Sall vient d’octroyer à la SODAV comme société civile unique du droit d’auteur au Sénégal, on en aboutisse à plusieurs sociétés civiles du droit d’auteurs et des droits voisins, par genre artistique, comme cela se passe dans tous les pays avancés. Car il n’est pas normal que le désert financier des autres arts se cache derrière la vache à lait de la musique, qui rapporte l’essentiel, soit 90%, des perceptions. Ceci n’est pas normal. Il est ainsi anormal, que l’autre année, les perceptions pour les arts graphiques n’aient rapporté qu’une maigre somme de 20 millions à répartir entre tous les plasticiens du Sénégal. « Inclusivité et expérience de l’expertise » seront mes maitres- mots. Comme je vous l’ai dit : « l’expérience de l’expertise ! Ku mënul bawoo, lu yaqqu yoowa ! »

 

Seneweb

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